Témoignage de notre jeune sœur qui est partie tard de la France, mais ALLAHUMA BAREK son intégration dans son pays d’accueil est impressionnant !
1-Dans quel pays as-tu fait la hijra ?
J’ai fait la hijra au Maroc, dans mon pays d’origine.
2- Depuis combien de temps ?
Ça fait maintenant 7 mois.
3-À quel âge es-tu arrivé(e) ?
Je suis arrivée peu de temps avant mes 17 ans.
4- Comment as-tu ressenti ce départ ?
Malgré de nombreuses fois où il a été évoqué, ce départ m’a été imposé. Je restais plutôt contre, je ne partageais pas du tout l’idée de quitter le lieu où j’ai grandi. Mes habitudes, mon mode de vie allaient être chamboulées.
5- Quelles craintes as-tu éprouvées lors de ton départ ?
La principale crainte que j’ai eue était surtout liée à la langue, étant donné que je ne maîtrise pas du tout l’arabe.
J’avais également peur que le changement radical d’environnement pousse mes parents à me surprotéger, à davantage m’étouffer.
Puis, je me demandais si j’allais garder contact avec tout le monde, si le fait de quitter mes proches allait impacter nos relations et complètement nous éloigner ou pas.
Enfin, je ne voulais pas que l’atteinte à ma stabilité touche également mon mental et ma motivation, je ne voulais pas me sentir perdue.
6- Quelles ont été tes 1ères impressions ?
Je suis venue à la fin de l’été, notamment pour pouvoir débuter mon année scolaire en même temps que tous. Ça m’a finalement fait du bien de retrouver la ville de Tanger qui m’est familière, comme je viens pratiquement chaque année. C’était d’abord nostalgique de m’installer dans la maison familiale où j’ai de nombreux souvenirs, mais cette ambiance de vacances m’a permis de passer à autre chose.
Maintenant que les mois sont passés, j’ai appris à prendre ce changement comme une nouvelle expérience de vie, je m’habitue malgré tout à la façon de faire très directe des marocains à différents niveaux.
7- T’es-tu intégré(e) au pays ?
Je ne dirais pas que je suis complètement intégrée car la barrière de la langue est vraiment conséquente et m’empêche de communiquer librement, c’est donc flagrant que je ne suis pas d’ici. Au début, taxis comme commerçants en ont d’ailleurs énormément profité pour m’arnaquer. Ils tentent encore souvent de le faire, heureusement à force de consommer, j’ai maintenant plus de facilités à le remarquer.
Concernant les routes, je connaissais seulement quelques grands axes, mais j’ai rapidement su me repérer à force de me déplacer seule. Ne pas être constamment accompagnée m’obligeait à me débrouiller et travailler mon sens de l’orientation afin d’éviter de complètement me perdre lorsque j’empruntais des chemins inconnus.
Mon intégration toujours en cours a notamment été facilitée par la présence et l’intervention d’amies qui vivent ici depuis de nombreuses années.
Mon père, connaissant parfaitement la ville de Tanger, a préféré nous conseiller, avant de nous laisser vivre notre propre expérience. Cela a fini par avoir un impact positif : ça nous a permis de développer l’aspect débrouillard et indépendant de notre personnalité.
8- Comment t’occupes-tu ?
Je m’occupe un peu comme je me suis toujours occupée finalement, la base de ma routine restée la même : cours, sport, sorties,…
9- Qu’est ce qui te manque le plus ?
Mon plus grand manque reste la présence de ma famille de qui je suis très proche, en effet à part ma famille éloignée (cousins de mon père etc.) je n’ai personne ici. Puis, il y a certains détails moins importants, tel que les transports en commun qui sont différents de ceux dont j’ai l’habitude, certains produits, alimentaires ou non, qu’on ne trouve pas ici, l’efficacité du réseau internet aussi 😭, les magasins également, car bien qu’énormément de grosses enseignes soient maintenant implantées au Maroc, les prix sont plus élevés qu’en France.
10- Aurais-tu des conseils à donner ?
Je n’ai pas réellement de conseils à donner, à part voir le bon côté des choses et se rendre compte que faire des concessions est nécessaire dans certains cas, dans le nôtre, ça devient carrément une obligation vu que ça concerne la hijra. Aussi, je pense qu’il est bien d’essayer d’adapter sa routine et ses habitudes, et non pas de les changer complètement, afin d’éviter un trop brusque bouleversement.
Son témoignage est intéressant car ça prouve que faire la Hijra ce n’est pas facile mais pas impossible non plus si on s’en donne les moyens.
Je sais que j’affectionne certains pays lorsque je suis en vacances mais je me dis que si je veux y vivre ça sera complètement différent.
Qu’Allah nous accorde à toutes et tous de vivre en paix et en accord avec notre noble religion!